"Le partenariat franco-chinois : une ambition pour la paix et le progrès"
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les doyens et les professeurs,
Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs les étudiants,
Je remercie d'abord votre Président, Monsieur XU Zhihong, pour son accueil chaleureux et pour les paroles de bienvenue qu'il a bien voulu me réserver dans la prestigieuse Université de Beïda. Merci de m'avoir invité à présenter ici, dans ce haut lieu de la modernité politique en Chine, la vision de la France et son ambition pour les relations franco-chinoises et leur avenir.
Mes chers amis,
Demain, la Chine sera l'une des plus grandes, si ce n'est la plus grande puissance du monde. Cette évolution rapide vers le progrès et la prospérité change le visage de la Chine, mais aussi la face du monde. Elle nous amène à réfléchir ensemble à l'impact de ce développement sur les équilibres politiques, économiques, culturels et écologiques de notre planète.
Beaucoup d'entre vous seront les dirigeants de cette Chine de demain. De votre comportement, de votre capacité d'imagination, de vos décisions, dépendra, non seulement l'avenir de cette Chine nouvelle, mais aussi, ne vous y trompez pas, une partie du destin du monde.
Car loin des certitudes du passé, vous vivrez dans un monde complexe, en mutations constantes, un monde fascinant et incertain à la fois.
Un monde où l'accélération des échanges entre les hommes, le progrès économique, les découvertes scientifiques et technologiques portent l'espoir de vaincre la pauvreté et de construire une conscience universelle où chaque culture prend sa place.
Mais aussi un monde marqué par le terrorisme et la volonté de certains Etats de mener des politiques de puissance reposant sur la possession d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques, en violation de leurs engagements internationaux.
Un monde paradoxal, tiraillé entre l'uniformisation et le regain des nationalismes, menacé d'un divorce entre les cultures : Occident contre Islam, laïcs contre religieux, Nord contre Sud, riches contre pauvres.
Mais un monde plein de promesses aussi pour ceux que l'histoire avait longtemps humiliés. Un monde marqué par l'émergence rapide, notamment en Asie, de nouveaux pôles de prospérité. Un monde où la prééminence de l'Occident fait place à de nouvelles formes de modernité ancrées dans des cultures millénaires.
Un monde si complexe, si interdépendant, qu'aucune puissance ne peut désormais prétendre lui imposer sa loi.
Parce que ce monde hésite encore entre la stabilité et le désordre, parce que nous nous souvenons de ces paroles attribuées à Confucius "si deux personnes agissent comme une seule, leur force peut briser le fer", la France et la Chine se sont engagées sans relâche, ces dernières années, pour façonner une organisation politique globale qui écarte les périls ; pour une responsabilité partagée dans le cadre d'institutions internationales fortes, légitimes et acceptées ; pour une mondialisation maîtrisée au service de l'homme dans l'harmonie, la justice et la solidarité.
Cette conviction a conduit la France à plaider pour une Organisation des Nations Unies rénovée et renforcée dans sa légitimité, avec un Conseil de sécurité élargi, représentatif des nouveaux équilibres du monde.
Elle nous a conduits à nous engager dans la construction d'une Europe politique, capable d'assumer ses responsabilités internationales au service de la paix.
Elle nous a conduits à vouloir établir un dialogue avec les grands pays émergents, au sein du G8 comme dans les autres enceintes où s'élabore la gouvernance économique mondiale.
Elle nous a conduits à combattre pour la reconnaissance de la diversité culturelle, notamment à travers la convention de l'UNESCO. Comment pourrions-nous travailler ensemble, efficacement, sans accepter nos différences et reconnaître l'égale dignité de nos peuples et de nos cultures, dans le respect des valeurs universelles qu'affirment les Pactes des Nations Unies sur les droits de l'Homme ?
Dans cette quête d'équilibre mondial, dans cette volonté de dialogue et d'harmonie, il y a, entre l'Europe et l'Asie, des convergences objectives, fondées sur l'expérience et la sagesse des pays de très anciennes cultures. Il n'y a pas entre nous de rivalités de puissance, mais des intérêts communs. C'est pourquoi, la France a été à l'origine des grandes initiatives visant à rapprocher l'Asie de l'Europe : la création de l'ASEM ; la mise en place des partenariats stratégiques entre l'Union européenne et les grands pays d'Asie, la Chine, l'Inde et le Japon. Ou encore la ratification prochaine, par l'Union européenne, du Traité d'amitié et de coopération en Asie du Sud-Est.
Mes chers amis,
Le monde a été confronté ces dernières années à des crises à l'occasion desquelles la communauté internationale s'est divisée.
J'ai le sentiment qu'aujourd'hui nous mesurons mieux l'importance de son unité qui doit s'exprimer notamment au Conseil de sécurité. Car, face aux menaces actuelles, rien ne serait pire que la division ou l'inaction. C'est cette vision de responsabilité que l'Europe et la Chine doivent porter ensemble. C'est cette vision que la France et la Chine développent dans le cadre de leur partenariat stratégique global.
Face au comportement de la Corée du Nord ou de l'Iran, le multilatéralisme doit être efficace. Ne rien faire nous priverait de toute influence, de toute crédibilité et de toute légitimité. Ne rien faire, ce serait nous résigner face aux menaces à la paix et à la sécurité internationale. Ce serait encourager la tentation de l'unilatéralisme dont chacun a pu mesurer les conséquences fâcheuses et les impasses.
Telle est la réalité d'aujourd'hui. Nos pays, épris de leur indépendance, façonnés par la résistance et le rejet de l'occupation étrangère, sont attachés au respect de la souveraineté nationale, au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures. Mais l'exigence d'une discipline collective au service de la paix et de la sécurité du monde doit nous conduire à prendre les mesures nécessaires quand un pays bafoue ses engagements et menace la paix.
Nul ne saurait tolérer qu'on se livre impunément à des exactions massives contre les populations civiles. Au Darfour, la responsabilité de protéger, que l'ONU tout entière a reconnue, doit nous rassembler et nous conduire à agir conformément aux exigences de la Charte.
Dans cet esprit de responsabilité collective, je voudrais saluer l'engagement de l'Armée Populaire de libération dans la FINUL renforcée, comme la décision de la Chine de mettre en place un centre d'entraînement aux opérations de maintien de la paix. Ce sont là des gestes essentiels pour l'autorité et le rôle des Nations Unies.
Mes chers amis,
L'urgence des crises politiques ne doit pas faire oublier les menaces que font peser, parfois sur la survie même de l'humanité, les autres défis globaux.
Alors que l'homme exerce une pression croissante, prédatrice et destructrice, sur la nature, une crise écologique majeure s'annonce pour demain. Les décisions et les choix de la Chine auront -du fait de sa taille et de sa croissance- un impact considérable sur le réchauffement de notre planète et sur la préservation des équilibres environnementaux.
Or, nous savons que le modèle de développement industriel actuel, fondé sur l'exploitation sans retenue de l'environnement et le gaspillage des ressources naturelles, ne peut être appliqué à la planète entière sans nous mettre face à un très grave danger.
A quoi servirait le progrès économique si le monde devait devenir irrespirable ?
La Chine, dont chacun admire la croissance, est le premier émetteur mondial d'oxyde de soufre et le deuxième émetteur de CO2. Concilier développement, rareté des ressources naturelles et préservation des équilibres écologiques est le défi que la Chine entend relever avec son XIe plan quinquennal. C'est aussi pour cela que la France plaide en faveur d'une Organisation des Nations Unies pour l'Environnement et qu'elle appelle la Chine à la rejoindre dans ce combat.
A travers la mondialisation, une grande partie de la Chine s'est projetée avec tout son dynamisme et son énergie dans la modernité. Ailleurs, sur d'autres continents et en particulier en Afrique, le progrès continue d'oublier des centaines, des centaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants, relégués dans la misère, la maladie, la désespérance.
Face à l'ampleur du défi, nous ne devons pas nous résigner. Les prochains Sommets Chine-Afrique et Afrique-France seront l'occasion, je l'espère, de conjuguer nos efforts au service des pays les plus pauvres. Parce que la santé et l'accès aux soins devraient être un droit pour tous dans le monde, je ne doute pas que la Chine concrétisera bientôt son soutien au lancement de la Facilité internationale d'achats de médicaments, UNITAID.
Parce que les maladies ne connaissent pas de frontières, nous devons également, sans cesse, renforcer l'effort de coopération internationale. La mobilisation que le monde a su mener, aux côtés de la Chine dans la lutte contre le SRAS et la grippe aviaire, est exemplaire à cet égard. C'est l'un des messages que je porterai demain à Wuhan, haut lieu de notre coopération dans le domaine de la médecine et de notre lutte commune contre les maladies émergentes.
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Mes chers Amis,
Jamais dans la longue histoire de nos relations, une histoire dont le général de GAULLE a écrit l'une des pages les plus fortes, nos liens n'ont été aussi denses et aussi confiants. Et notre amitié, marquée par le respect réciproque, autorise tous les projets, même les plus ambitieux.
Avec le concept de "société harmonieuse", la Chine souhaite avancer sur la voie du renforcement des droits de l'Homme, des libertés et de la démocratie, comme en témoigne son engagement de ratifier le Pacte des Nations Unies sur les droits civils et politiques.
Je suis convaincu que dans cette démarche certaines convictions françaises peuvent nourrir les réflexions de votre pays. Car, si la Chine suit naturellement le chemin propre de son génie historique et de son peuple et de sa très ancienne culture, notre modèle républicain, marqué par les idéaux des Lumières et les valeurs universelles de la Révolution française, peut être aussi source d'inspiration et d'appui dans cette marche vers la démocratie et vers les droits de l'Homme. C'est le sens de la déclaration que le Président HU Jintao et moi-même avons adoptée ce matin.
Mes chers Amis,
A vous, qui, je le répète, serez demain les responsables de la Chine, je veux dire que l'avenir n'est jamais écrit d'avance. Il dépendra de notre capacité commune à nous ouvrir au monde en dépassant les préjugés et les schémas du passé.
Je veux vous dire aussi que les défis, que vous aurez à relever demain, exigeront toujours plus de responsabilité et plus de solidarité. C'est ensemble, et non pas dans la rivalité, que les grands pôles du monde pourront construire la paix, la prospérité, l'harmonie dont l'humanité a besoin.
C'est là un grand dessein pour la France, pour l'Europe, pour la Chine. Le monde compte sur chacune et chacun d'entre vous pour faire vivre ce grand dessein.
Vive la Chine !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-chinoise !
QUESTION – Monsieur le Président, bonjour, étudiant les relations internationales, je suis très intéressée par votre discours. La France est un des pays les plus importants de l'Union européenne et la Chine est un pays de l'Asie qui se développe très vite au point de vue économique. Concernant nos relations, il y a des gens qui ont dit que les relations entre la France et la Chine ne peuvent jamais dépasser les relations entre la France et les Etats-Unis, ni les relations entre la Chine et les Etats-Unis. Qu'en pensez-vous ?
LE PRESIDENT – Je ne crois pas qu'il faut poser les problèmes en termes de compétition. La France et la Chine ont beaucoup de raisons économiques, politiques et surtout culturelles d'avoir des relations profondes et constantes. Ce sont des relations qui sont essentiellement marquées par la confiance et par l'amitié. La Chine a vocation à avoir de très bonnes relations avec tous les pays du monde, et notamment avec les plus grands, ceux avec lesquels elle est en contact permanent, comme les Etats-Unis, comme les autres pays européens, au sens large du terme, et asiatiques. Je pense que la vocation d'un pays majeur dans le monde aujourd'hui, et encore plus dans le monde de demain, c'est d'avoir d'excellentes relations avec tous les pays et de les développer normalement. Dans ce domaine, je pense que beaucoup tient aussi au respect que chacun a de la culture de l'autre. Pour avoir du respect pour la culture de l'autre, il faut la connaître. J'engage tous les pays du monde à affiner leur connaissance de la culture et donc de la langue chinoise. Ce que je souhaite de tout cœur pour la France.
QUESTION - Monsieur le Président. D'abord je vous souhaite la bienvenue ici. Quelle est la recherche théorique en France ?
LE PRÉSIDENT – Nous nous efforçons de développer la recherche dans tous les domaines. Cela commence par la recherche théorique, ensuite cela se poursuit avec la recherche pratique.
Le gouvernement a récemment fait voter par le Parlement une loi importante sur la recherche destinée à moderniser la recherche française, mais surtout à lui donner des moyens financiers supplémentaires. Nous avons parfaitement conscience que la recherche et l'innovation sont la clé des progrès de demain. La recherche commence par la recherche théorique, en particulier en chimie, mais aussi ailleurs, et nous essayons de faire en sorte de ne pas nous laisser dépasser.
QUESTION – Tony BLAIR, le Premier ministre britannique a déclaré que la Chine serait le pays le plus puissant du monde d'ici vingt ans. Que pensez-vous que la Chine devrait faire pour atteindre ce but ?
LE PRÉSIDENT – Je ne veux pas faire de commentaires sur ce qu'a pu dire le Premier ministre, Tony BLAIR, qui est un de mes collègues, et de mes amis.
En revanche, je sais parfaitement ce que la Chine peut faire pour assumer ses responsabilités dans le monde de demain. Je vous l'ai dit tout à l'heure : elle a vocation à être au premier rang des puissances mondiales dans le demi-siècle qui vient.
Il va de soi que cela suppose un certain nombre d'efforts au premier rang desquels figure la recherche et l'innovation. Je fais confiance à tous ces jeunes qui sont actuellement formés en Chine et qui sont parfaitement capables de relever ce défi.
Cela suppose aussi que par son comportement la Chine devienne, en quelque sorte, une référence en matière de paix et de stabilité, de développement harmonieux, comme dirait le Président HU Jintao. Je crois que cela correspond bien, d'une part, aux exigences de notre temps, mais aussi à la tradition qui est celle de la Chine de toujours. L'harmonie a toujours été recherchée, sous une forme ou sous une autre, depuis la plus haute antiquité par la Chine. C'est certainement l'une de ses forces qu'elle peut aujourd'hui mettre en valeur et donner en exemple au monde.
QUESTION - Nous savons qu'en 2005 les Français ont dit non au traité constitutionnel français. D'après vous, Monsieur le Président, ce non était-il contre le traité lui-même ou contre certaines politiques du gouvernement français ? Quel est votre point de vue sur l'entrée future de la Turquie dans l'Union européenne ?
LE PRÉSIDENT – Sur le premier point, je pense que le « non » au traité constitutionnel exprimé par une majorité de Français, et peu de temps après, par une majorité de Hollandais, exprimait non pas un « non » à l'Europe, mais me semble-t-il, un « non » à un certain fonctionnement de l'Europe. Nous en avons d'ailleurs tiré toutes les conséquences en réorientant notre action, je parle de l'Europe, en faveur du développement des projets concrets, de l'Europe des projets, qui nous est apparue, à l'évidence, plus conforme aux désirs et aux besoins des Européens, que les problèmes touchant strictement les institutions qui, certes, sont des problèmes très importants mais dont il faut reconnaître qu'ils intéressent surtout les spécialistes, et notamment les politiques, beaucoup plus que l'opinion publique.
Pour ce qui concerne l'élargissement, j'ai toujours été favorable à l'élargissement de l'Europe, pour une raison simple : c'est que l'ambition de l'Europe -l'Europe est une région où l'on s'est beaucoup battu, où il y a eu beaucoup de guerres dans l'histoire-, est d'enraciner à la fois la paix et la démocratie dans l'ensemble des pays européens. A partir de là, il n'y a pas de frontières qui s'imposent. Plus la paix et la démocratie s'élargiront, de notre point de vue, mieux cela vaudra. Donc, a priori, je suis pour l'élargissement.
Je reconnais que cela pose certains problèmes. L'élargissement suppose, sans aucun doute, une modification des institutions qui ne sont plus adaptées à Vingt-sept, comme elles pouvaient l'être à Dix ou à Quinze, et qui doivent donc être modifiées. D'autre part, cela pose des problèmes financiers, car l'élargissement coûte très cher aux pays d'origine qui assument le coût des élargissements, c'est-à-dire du développement économique des pays qui rentrent. Donc, cela doit être examiné avec les conséquences que cela comporte sur les moyens dont disposent les pays. Il y a donc des problèmes, mais a priori, je le répète, je crois qu'il faut être favorable à l'élargissement, sous la réserve que j'évoquais à l'instant.
Vous posez le problème de la Turquie, car ce problème s'est posé. La Turquie est candidate. Les pays européens, tous, ont accepté cette candidature et ils ont même décidé d'engager les négociations d'adhésion avec la Turquie. Il est certain que les habitudes de la Turquie sont assez différentes des traditions de l'Europe continentale. Et que, par conséquent, cela supposera de la part des deux parties, mais aussi de la Turquie, des efforts importants pour modifier leurs habitudes. Est-ce que nous réussirons ? Je ne peux pas vous l'assurer. En tous les cas, nous sommes favorables à cette adhésion, comme je vous l'ai dit, sous réserve que la Turquie l'accepte, le souhaite et soit capable de l'assumer.
QUESTION – Monsieur Chirac, je viens de la faculté de Physique. J'aimerais vous poser deux questions. Tout d'abord, tout le monde sait que vous aimez le football. Alors, à part l'équipe de France, quelle est votre équipe préférée ? Les activités sportives dans les relations internationales peuvent-elles jouer un rôle ? Merci.
LE PRESIDENT – Premièrement, je suis naturellement un supporter de l'équipe de France quoi qu'il arrive, cela ne vous étonnera pas. En revanche, je n'aurais garde de répondre à la deuxième partie de votre première question car je ne veux pas désigner telle ou telle équipe nationale au détriment d'une autre, et d'ailleurs, cela change avec l'évolution du temps.
Quant au rôle du sport dans le monde moderne, il est évidemment essentiel. Nous voyons les succès extraordinaires des grandes compétitions. Vous avez parlé de football, de la Coupe du monde, c'est un élément important de la vie du monde d'aujourd'hui. Mais ce qui est encore plus important, ce sont les Jeux olympiques. Et lorsqu'en 2008, il y aura les Jeux olympiques de Pékin qui vont être une extraordinaire reconnaissance de la Chine et un extraordinaire succès -j'en suis absolument certain-, le monde entier regardera Pékin et la Chine. Cela aura une influence considérable sur la vision que beaucoup d'hommes et de femmes du monde auront de la Chine et de Pékin. Cela a une importance psychologique et politique déterminante. Je souhaite, pour la Chine, je vous le dis de tout cœur, beaucoup, beaucoup de succès. Je suis sûr que cela sera le cas des Jeux olympiques de Pékin en 2008. Et puisque j'en suis aux félicitations, je n'oublie pas qu'en 2010, deux ans après, il y aura une autre manifestation d'une immense importance, même si elle est moins sportive : l'exposition universelle de Shanghai, à laquelle je souhaite le même succès.
Je voudrais ajouter un mot. J'ai rencontré certains étudiants chinois qui m'ont dit qu'il faudrait avoir davantage de visas pour aller en France. Ils ont raison. Mais je voudrais tout de même dire, parce que cela s'intègre dans l'amitié et le respect que les Français ont pour la Chine, qu'il y a dix ans, il y avait en France 5 000 étudiants chinois. Aujourd'hui, il y en a 25 000 et on prévoit qu'il y en aura très rapidement 50 000. Plus de 8 000 visas pour études ont été données en 2006 et ce chiffre va se développer de façon importante.
Je voudrais dire aux jeunes chinois qui sont tentés de venir faire l'aventure en France : je les encourage fortement à venir en France, ils y seront bien accueillis, avec l'estime et le respect que l'on doit au peuple chinois et nous seront très heureux de les voir de plus en plus nombreux à apprendre le français. Merci.
《中法伙伴关系:一个为了和平与进步的雄心》
法国总统雅克-希拉克于10月25日至28日对中国进行国事访问。26日上午,胡锦涛与希拉克举行会谈。26日下午15:30,希拉克在北京大学进行题目为《中法伙伴关系:一个为了和平与进步的雄心》演讲,以下为演讲及答问实录:
尊敬的校长先生,各位院长,女士们、先生们,议员先生们,首先我在这里感谢许智宏校长,感谢您这么热情的接待以及非常友好的致辞,尤其是在中国声名显赫的北京大学,非常感谢您邀请我来到这个中国政治现代化的圣地,阐述一下法国对中法关系及其前景的看法及宏愿。
亲爱的朋友们,明天中国将是世界强国之一,甚至可以说是世界第一大强国。这种迅速的繁荣迈进和进步,不仅仅将会改变中国的面貌,也会改变整个世界的面容。我们要共同进行必要的思考,对中国的发展,对全球政治、经济、文化、生态平衡所带来的影响进行共同的思考。
你们当中的许多人,将来就会成为未来中国的领导人。你们的行为,你们的想象能力,你们的决策,不仅仅将决定新中国的未来,而且也会影响到世界未来的命运。因为以往的确然性已经不复存在了,你们将生活在一个错综复杂、变化多端、令人着迷却飘忽不定的世界中。
在这样的世界里,人与人之间日益频繁的交往、经济的发展、科学技术的发明,将会为我们征服贫困、构建一个全球性的良知带来新的希望,让每种文化都会各得其所。
但是在这样的世界里,我们也会看到,恐怖主义嚣张得势,某些国家一意孤行,违反其国际承诺,凭借核武器、生物和化学武器,来实施强国政策。
这一世界充满了矛盾,在全球单一化及死灰复燃的民族主义之间摇摆不定,西方与伊斯兰、世俗与宗教、北部与南部、穷国与富国,世界各种文化之间面临着日益分离的危险。但是对于那些被历史长期凌辱的国家的人民而言,这也是一个充满希望的世界。尤其是在亚洲,新兴繁荣国家迅速崛起,在这个世界里,面对植根于数千年历史文化的新型现代化模式,西方已经慢慢失去它的优势了。
这个世界变得如此复杂、如此相互依赖,以至于任何一个强国都不能够随心所欲地主宰这样的世界。
正是因为这个世界依然徘徊于稳定和混乱之间,正因为我们依然记得孔夫子的哲言“二人同心,其利断金”,所以法国和中国在近几年间不懈努力,构建一个全面的政治组织架构,以规避危险,并在强有力的、合法的、为众人接受的国际组织框架下共同承担责任;在和谐、正义、团结的前提之下,使全球化得到良好控制并造福于人类。
本着这个信念,法国支持联合国的改革,以强化其合法性,扩大安理会,使其能够代表世界的新平衡。
本着这一信念,我们愿意构造一个政治的欧洲,这个信念引导我们全力以赴,让这个政治欧洲能够承担起责任,来保障世界的和平。这个信念也促使我们在八国集团峰会以及其他全球经济组织的范围内,致力于与新兴大国建立对话。这一信念,也促使我们为承认文化多样性而不懈努力,尤其是通过《联合国教科文组织公约》来实现。不接受对方的差异,不承认各民族和文化平等的尊严,我们怎么能够有效地进行合作,遵奉《联合国人权宣言》中的普遍价值呢?
在追求世界平衡的时候,在寻求对话与和谐当中,基于其古老文化的经验和智慧,欧洲和亚洲之间客观上存在着相近的看法。我们之间没有力量的对峙,我们之间只有共同的利益。正是出于这个原因,法国率先提出了一些重大建议,谋求缩短亚洲与欧洲之间的距离,比如说建立亚欧会议,在欧盟与中国、印度、日本等亚洲大国之间建立战略性的合作伙伴关系,并且促成欧盟不久将批准东南亚友好合作条约。
亲爱的朋友们,近年来,世界面临着严重的危机,这些危机导致一些本来有共同价值观的国家也彼此分裂。我感觉到,当今我们能更好地体会到国际社会团结一致的重要性,这种团结一致的精神尤其应该体现在联合国的安理会。因为面对当前的危险,最糟糕的莫过于各行其道和袖手旁观。这是欧洲和中国共同的责任,法国和中国也应该以这种眼光去发展全面战略性的合作伙伴关系。面对朝鲜和伊朗的所作所为,多边主义应该显出其有效性,如果任其发展,我们将失去所有的影响力、可信度和合法性。袖手旁观意味着我们面对国际和平和安全的威胁时逆来顺受,或者鼓励单边主义的行为,而其后果与困境,我们都曾经有目共睹过。
这就是今天的现实,出于对独立的热爱,以及抵御外来侵略的精神,我们都尊重国家主权,遵奉不干涉内政的原则。但是当一个国家违背其诺言,对和平造成威胁的时候,我们必须遵循集体准则,采取必要的措施与行动,来维护世界和平与安全。
任何人都不能够容忍向平民百姓横施暴行却逍遥法外的行径。在非洲达尔富尔,联合国一直承认应该保护平民,因此我们团结一致,严格按照联合国宪章行事。本着这一集体的责任精神,我在这里特别赞扬中国人民解放军决定参加联合国驻黎巴嫩临时增援部队,也非常赞赏中国关于建立维和行动训练中心的决定,这些做法都可以体现联合国的威信和作用,这些是非常重要的举措。
亲爱的朋友们,政治危机的紧急性不应该使我们忘记其他全球性挑战所带来的威胁,因为这些威胁甚至会影响到人类的存亡。
在人类变本加厉地对大自然进行毁灭性掠夺的时候,一场前所未有的生态危机正在形成。由于中国幅员辽阔,发展迅速,它所做出的决定与选择,对地球升温以及环境的平衡,将产生重大的影响。
然而,我们深知,当今这种建立在滥用和浪费自然资源之上的工业发展模式,如果在全球范围内推广,人类必将陷入严重的危险之中。
如果地球变得无法呼吸,那么经济进步又有何用处呢?中国的经济增长无人不赞赏,但是它在二氧化硫及二氧化碳排放量上分别位居全球第一和第二位。发展经济、节省自然资源、维护生态平衡,协调这三者之间的关系,是中国在其第十一个五年计划中决意应对的挑战。正是出于这个原因,法国倡议建立一个联合国环境组织,并且呼吁中国响应这一倡议。
随着全球化的推进,大部分中国地区以蓬勃的朝气和活力投身于现代化的进程。在世界其他地区,尤其是非洲大陆,数以亿计的男女与儿童仍然生活在被进步遗忘的角落里,备受贫困、疾病及绝望的煎熬。面对如此严峻的挑战,我们不应任其自流。下一届中国—非洲和非洲—法国峰会将是我们齐心协力,帮助最贫困国家的良好机会。因为健康及医疗应该是所有人应有的权利。我深信中国对国际药品采购机制的启动不久将提供具体的支持。因为疾病是没有边界的,因此我们也必须不断地努力,加强国际间的合作。在这一点上,世界各国通力协助中国控制“非典”及禽流感,堪称典范。这也正是我明天到武汉所要传递的信息,武汉是法中两国发展医学合作以及共同控制新发传染病的重要基地。
各位朋友,在悠久的两国关系中,也就是戴高乐将军曾经写下辉煌一页的友好关系当中,我们从来没有这么有信心,我们的友情是建立在彼此的尊重上的,让我们所有的计划,即使是最野心勃勃的计划,都能够变成事实。中国希望构建一个和谐的社会,中国希望能够加强人权,加强自由、民主,而且做出承诺,要批准公民和政治权利的公约。我深信在这样的做法当中,有一些法国的信念能够帮助贵国继续思考,因为如果中国很自然地随着人民的发展,以及悠久的历史文化的发展,我们共和国的模式有了启蒙时期的理想和法国大革命普遍价值的模式,也可以成为中国迈向民主和人权的一个很好的启发。这是国家主席胡锦涛和我个人刚刚签署的联合声明的主要意义。
各位亲爱的朋友,我再次重申,各位是中国未来的负责人,未来将取决于我们共同的努力,是不是能够向世界开放,是不是能够超越成见,摆脱陈旧框架,向世界敞开心扉。我还想说的是,面对明天的挑战,你们需要具有更多的责任心和团结精神。因为团结才是力量,没有对立,让世界有多极化,才能够让我们共造和平、繁荣和人类所需要的和谐。
这是法国、欧洲和中国的宏伟蓝图。世界依赖我们,我们依赖世界,中国万岁,法国万岁,法中友谊长存!
[许智宏]:非常感谢希拉克总统给我们做的精彩演讲。下面时间由大家提问,请总统阁下来回答。
[北京大学国际关系学院本科二年级学生赵敏]:总统阁下,今天很荣幸听到您的演讲。
[希拉克]:众所周知,法国是欧盟最重要的国家之一,中国也是东亚地区发展最快的国家。两国的经济合作日益频繁,但是有人评论说面对当今世界超级大国——美国,中法的关系永远无法超越中美关系和法美关系,您如何看待这一评论?您又认为这三者的关系定位应该如何?
不应该从竞争的角度来看待国际关系,法国和中国有各种合作的原因,包括经济、政治的因素,尤其是文化因素来促进我们的合作。我们应该深入地互相理解,我们互相信任,有长久的友谊。当然,中国跟世界上其他国家,一些大国保持很好的关系,其中包括美国,或者欧洲其他一些国家以及亚洲国家。因此,我认为今天世界的一个大国和明天世界的一个大国,跟所有国家都应该保持良好的关系。就像这个领域里,我认为每一个国家都要尊重对方国家人民的文化,要尊重其他人的文化,
先就要了解对方人民的文化。所以,我也认为世界上所有的国家应该进一步地了解中国的文化和语言,我希望这样做,希望法国也能够做到这一点。
[北京大学化学与分子学院04级学生]:首先欢迎来到北京,来到北大,作为学理科的学生,请您简单介绍一下贵国当前的科研环境和学术氛围,对于吸引像我们这样的留学生,贵国有何优势?谢谢!
[希拉克]:我们尽量去发展每个领域的研究工作,首先有理论上的研究,然后还有实践上的研究。最近,政府要请国会通过一道法令,使得法国的研究工作能够现代化,同时还提供财力上的支持,支持这方面的研究工作。因为我们也意识到研究和创新是世界进步的一个重要环节,首先是理论上的研究,尤其是化学和其他科学领域的研究。
[北京大学化学与分子学院04级学生]:我代表我自己和我的同学向中法两国友谊致敬,祝您的中国之行顺利愉快!
[国外学生]:人家说中国将会是世界上一个强国,请问中国该做些什么事情来达到这个目标?
[希拉克]:我对布莱尔首相所说的这句话不作什么评论,他是我的一位同事,也是一位朋友。不过我完全理解中国该做什么事,来承担对未来世界的责任。刚才我说过,中国可能会在未来50年时间里成为世界大国之一。当然,这需要做出巨大的努力,首先有研究部门方面的努力,还有创新方面的努力。我完全信任中国的年轻人,他们完全能够应对这个挑战。同时要达到这个目标,也需要这样做,中国在和平和稳定方面是大家要借鉴的一个典范,就像胡锦涛主席所说的一样,构建一个和谐的社会。现在的世界对我们的要求很高,同时中国也可以按照以前的传统做法,来寻求和谐的境界。古老的中国已经有寻求和谐社会的传统,所以也可以利用这方面的经验来向全球竖立典范。
[北京大学法语系研究生]:总统先生下午好!我有两个问题。第一,《欧盟宪法草案》,2005年全国人民公决中,法国人民对《欧盟宪法草案》提出了否决,我想请问总统阁下,这次否决是针对《欧盟宪法草案》本身,还是针对法国政府的相关政策?第二个问题,有关土耳其加入欧盟,您对未来土耳其加入欧盟有何看法?
[希拉克]:有关你的第一个问题,我想这个名称——《欧洲宪法草案》对绝大部分法国人来说,他们表示了他们的看法,他们说了“不”,但并不是向欧洲说“不”,最起码我认为这种“不”是针对欧洲的一种功能性和运作的反对和否决。所以,当我说欧洲的时候,其实欧洲宪法里是希望能够有真正的发展,真正的项目,这是欧洲的领导们认为更能够满足欧洲人的渴望和他们的需要的一种构思,并不是只关系到欧洲的各个机构的运作。我们了解到政治方面和决策方面的机构,他们对欧洲宪法更关心,而一般的老百姓并不了解。
有关欧洲扩大的问题,我们要知道,因为欧洲这个地区曾经有过非常多的战争,在历史上战争不断。所以,欧洲的期望是希望让和平深植人心,让民主根深蒂固,在所有的民主国家里都是这样。如果真的是这样的话,就不应该有边界,不应该有国界,因为和平和民主会从我们的看法出发,扩大,并且遍及得越远越好,的确这会带来一些问题。
土耳其如果入盟,对某些国家来说并不是那么容易接受的,因为要在欧洲里进行一些结构方面的修改,27个国家的运作和以前10个国家当然是不一样的,要运作得顺利是非常不容易的一件大事。还有在财务方面有很多影响,对入籍国来说要负担扩大的经费,欧洲原先加盟国要负担新加盟国许许多多的费用。所以,各国要探讨他们是不是负担得起,有很多的问题出现。但是这个原则应该是好的,我们应该欢迎欧洲的扩大。
你问到土耳其入盟,这个问题的确是我们深思熟虑的,土耳其申请入盟,所有的欧洲国家都接受了它的申请,并且开始与土耳其谈判它入盟的各种条件。当然,一般的人认为土耳其的传统习惯和欧洲大陆非常不一样,所以一定会带来一些困难,对双方来说都要做出很大的努力,来改变他们彼此的习惯。无论是欧洲这边还是土耳其这边,都应该要做出很大的努力。我现在还不能保证土耳其一定能入盟,但是我们接受了土耳其的申请,希望土耳其能够负起责任,能够满足一切条件。
[物理学院大气科学系三年级学生]:请问阁下两个问题,第一,大家都知道您非常喜欢足球,除了法国队,您还喜欢哪个队?还有,您认为体育运动在当今世界格局的国际关系当中能起到什么样的作用?谢谢!
[希拉克]:首先回答您的第一个问题,我当然是热情地支持法国队,不管发生什么事情,我想这也是很自然的,你们也不会觉得奇怪。但是您问的第一个问题的第二部分,我就不敢说了,因为我很难说某一个国家的足球队比另外一个国家的好,何况有时候时间会带来一些变化。至于体育活动是不是能够在现代世界里对国际关系带来什么重要的作用,我们可以看到一些国际间的竞赛起着非常大的作用,真的是世界性的大事,变成世界上全球瞩目的大事,2008年奥运即将在北京召开,这是国际间的大事,而且对中国来说是一个非常大的盛会。我深信到时候全世界都要注意中国和北京,这对全世界对中国的看法会带来很大的影响,无论是在心理上、精神上和经济上,都会带来很大的影响。我衷心祝愿北京举办奥运会成功,2008年成功举办奥运!
2010年将会举办另外一个重大的盛会,虽然不是奥运会但是也非常伟大,也预祝2010年世博会成功。
[希拉克]:我再补充一下,有些中国大学生见到我的时候说,法国应该多给我们发签证,我们好去法国留学。我说:“你们说的很对呀。”但是这已经属于友谊和尊重的范围了,法国非常地热爱中国,与中国有非常好的关系,也尊重中国。十年前在法国有五千名中国留学生,现在有两万五千名中国留学生,将来很快就变成五万个中国留学生。2006年发出了8000个签证,将来这个数字一定会扩大。所以,中国年轻人想要到法国历险的话,我们真心地鼓励你们到法国来,我们会好好地接待你们,我们非常尊敬你们,热爱你们,就因为我们热爱中华民族,我们希望越来越多的中国年轻人学习法语,到法国来。谢谢!
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